Lever le voile sur la crise d’infertilité masculine

Dre Sarah Kimmins

On associe généralement au terme « infertilité » l’incapacité de concevoir un enfant, mais des chercheurs financés par les IRSC étudient le problème de beaucoup plus près. Si leurs conclusions s’avèrent dans l’ensemble préoccupantes, les solutions sont à la portée de la plupart des hommes grâce aux travaux de la Dre Sarah Kimmins, chercheuse à l’Université de Montréal.

L’infertilité ne se définit pas seulement comme l’incapacité de féconder un ovule. Pour la Dre Kimmins, la vraie question est de savoir de quelle manière la dégradation de la qualité du sperme affecte la qualité de l’embryon et entraîne des problèmes de développement. L’épigénome des spermatozoïdes – des traits à transmission héréditaire influencés par l’environnement – peut avoir de grandes conséquences sur l’enfant ainsi conçu, qui vont se répercuter sur les générations suivantes.

« Le génome et l’épigénome du père s’activent dès le stade embryonnaire, explique la Dre Kimmins à propos de l’effet des spermatozoïdes sur le développement précoce de l’embryon. Par conséquent, toute altération de l’épigénome des spermatozoïdes affecte l’expression génique dans l’embryon, sa qualité et son développement à long terme, ainsi que la santé de la prochaine génération. »

Comment les hommes peuvent-ils améliorer la qualité de leur sperme? La bonne nouvelle, c’est qu’il suffit dans bien des cas d’un simple changement de mode de vie : la faible qualité du sperme est un phénomène réversible qui n’exige pas nécessairement d’effectuer une coûteuse visite dans une clinique de fertilité.

« Des marqueurs épigénétiques comme le tabagisme, la consommation de cannabis, le surpoids, l’exposition à des perturbateurs endocriniens et la parentalité tardive nous permettent d’évaluer l’incidence de ces facteurs sur l’épigénome des spermatozoïdes et de recommander les traitements et les interventions les mieux adaptés », poursuit la Dre Kimmins.

« Si on met en évidence ces facteurs comme cause sous-jacente, les hommes ont alors une bonne raison d’effectuer des changements dans leur vie pour y remédier, car leur problème d’infertilité est désormais traitable. »

Il s’agit d’une information capitale pour les couples qui essaient d’avoir un enfant. En effet, les traitements pour la fertilité que proposent les cliniques coûtent généralement des milliers de dollars par visite, exigent de multiples visites et affichent de faibles taux de réussite. Par ailleurs, les traitements pour la fertilité peuvent accroître les risques d’accidents vasculaires cérébraux (AVC) et de cancer chez les femmes. Il est donc plus sécuritaire et moins coûteux que les hommes changent leur mode de vie, en pratiquant une activité physique, en adoptant une alimentation saine ou en arrêtant de fumer, par exemple.

Comme l’ont démontré la Dre Kimmins et d’autres chercheurs, l’infertilité masculine peut être réversible, et les conséquences positives de l’amélioration de la santé des hommes et de leur sperme transcenderont les générations.

En bref

L'enjeu

La qualité du sperme est en constante baisse en raison de plusieurs facteurs environnementaux, à savoir l’obésité, le tabagisme, la consommation de cannabis et la présence de produits chimiques toxiques dans l’environnement. Cette baisse se traduit non seulement par l’infertilité, mais aussi par l’altération épigénétique des spermatozoïdes, qui peut se répercuter sur la progéniture.

La recherche

La Dre Sarah Kimmins dirige un programme de médecine personnalisée destiné aux hommes aux prises avec des problèmes d’infertilité découlant des habitudes de vie. L’activité physique, l’adoption d’une alimentation saine et l’abandon du tabagisme sont des façons simples pour les hommes d’améliorer la qualité de leur sperme.

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